Chapoullié Blog

Le livre qui ne voulait pas s'effacer

Category: Musique

X

Même si je l’avais voulu, jamais je n’aurais été capable de l’imaginer aussi parfaite.

A croire qu’elle, elle le devine, tout ce qu’elle m’offre à photographier à cet instant  : un concentré de l’imagerie de la lutte pour les Droits Civiques du Sud profond et son pas de danse photographique de défi amusé. Comme une icône. Elle a compris en un instant, tout ce qui se disait ici, avec elle au millieu de ce décor. Pourtant elle ne savait pas ce matin en passant son tee-shirt de Malcom, qu’elle allait croiser la route d’un visiteur overseas, dans les rues de Clarcksdale, Mississippi, le  carrefour mythique ou le diable se mêla à l’histoire du blues. On ne savait pas non plus qu’on allait se croiser devant un temple baptiste, ni que la voiture serait la. On est en 1994, pourtant comme seule l’Amérique sait faire, on pourrait se croire être en 1960, il suffit d’apercevoir le panneau qui invite a pénétrer dans la chapelle, et on pense à Martin Luther King. La voiture, elle aussi une icône, mais celle-ci du monde blanc échouée là ; tout est blanc, tout est noir, elle prend la pose, fière de son X, elle à raison, et moi je suis ému et reconnaissant de ce qu’elle me donne, et de sa fierté.

Elle devine que je viens de loin, alors, que peut-être j’ai plus de chance de comprendre. Il n’y avait pas encore de Barack, elle n’aurait osé l’imaginer. Sans doute est-il sur les tee-shirts de Clarcksdale maintenant.

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C’était à Hazelhurst, j’ai toujours gardé un souvenir attendri de ce nom. Une minuscule ville poussiéreuse, traversée par le milieu par la voie ferrée, Main street aux voitures garées en épi, comme on garait les chevaux, devant les boutiques vieillottes ou dorment encore des robes des années 50; la ville fantôme du Far West.

Mais aussi en souvenir de ce couple, ce moment, ces quelques heures que j’ai passé avec eux. C’était dans un motel. Dans une minuscule ville poussiéreuse, traversée par le milieu par la voie ferrée. la ville fantôme du Far West. Une agitation anormale pour ces lieux de passage, des enfants criant dans la piscine au milieu du parking, et je comprends en voyant les costumes, qu’une partie des clients ne sont pas des voyageurs  juste descendus de leur 4×4 pour une nuit, mais les convives d’un mariage. Un mariage d’américains, mais qui dansent comme des africains…. mais ça ils ne le savent pas ! Je ne sais pas qui de nous, a été le plus intimidé au moment de cette photo, eux ou moi, mais je sais que j’avais bien envie que ce soit un mariage heureux.

Mississippi 1994

Fête de la musique

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Un miroir. Un violoncelle. Un serpent. Une danse. Un manche de violon sur un corps de violoncelle, ces fameuses hanches du surréalisme, du symbolisme, de tout les ismes, un manche de Rickenbacker, une des icônes de mon adolescence, des discussions sans fin autour d’un café à 1 franc, entre deux flippers, sur les mérites, supposés, de la Strato d’ Hendricks, impériale malgré que gauchère, ou de l’exotique Rickenbacker des Beatles, je n’oublie pas la SG une explosion d’ombres et de lumières sur un fond de cyclo, des bouts de cartons pièges à formes qui ne se savaient pas installations, bien trop précoces, des anamorphoses dans un quotidien qui n’imprimait qu’en N&B, commande Libé pour un cahier spécial Fête de la Musique 93, la couleur que je n’ai réimplanté qu’ensuite, c’était aussi une évidence, en tâtonnant sur mes négatifs, dans la chambre noire, solitude qui ne savait pas qu’elle se préparait à se livrer aux bits du numériques et de l’écran.

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Je ne savais pas ce que cela préfigurait, ce n’était pas plus difficile à faire et imaginer, seulement terre inconnue, seulement beaucoup moins accepté, et surtout reconnu en cet âge du Noir et Blanc triomphant.

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