Chapoullié Blog

Le livre qui ne voulait pas s'effacer

Category: Reportages

Du cote de chez Madiba, ou sur la route de Nelson

Un petit berger, au détour d’un virage, sur les hauteurs du Transkeï, dorénavant Eastern Cape, pas si loin de Qunu, le village où Nelson Mandela a passé sa petite enfance et ou il reposera.

On était seul l’un comme l’autre, lui dans la forêt avec son chien et son troupeau, moi plutôt perdu sur cette piste très boueuse, pour basculer vers le Natal. On est reparti avec chacun notre photo.

Le petit berger

Le petit berger.  1999. Transkeï.

Une autre rencontre, de celle qui intimide, sur une petite route, un peu perdu à nouveau mais cette fois à la recherche de l’Océan Indien, que j’espère en quittant les montagnes de l’Eastern Cape. Au passage d’un gué, je croise une écolière rentrant de l’école en flânant et son regard perçant, s’il en est.

Quand je rentrais de l’école, ce n’était pas mes pieds nus que je laissais traîner dans l’eau, mais mes petites voitures que je faisais courir sur les murs.
De l’école, de la solitude et de la nature. De l’immortalité de la rencontre photographique.
Nous sommes repartis chacun avec notre photo.

La fille du gué

 La fille du gué. 1999. Cap-Oriental, à l’approche de Ports Saint-John

 Un autre genre de lutteur.

Nkangala liquor

1999. Nkangala liquor, Kwazulu Natal

 

La Pluie

Il pleut, à verse, le ciel qui s’ouvre, se déverse, on rentre de l’école détrempés, alors c’est comme une danse, un jeu, on rentre de l’école sans plus pouvoir se protéger, les uniformes ruisselants, et on rigole, on sourit, comme d’habitude.

1-Phares mouillés

2-Je cours

En fait, il y a de la danse et du cinémascope partout.

Parfois, il pleut si violemment, qu’alors ce sera l’unique façon de voir une rue indienne vidée de son mouvement perpétuel, le temps d’un orage. Mais, là, il faudra vraiment que se soit une pluie torrentielle.

3-Les filles et la pluie

4-Le bus arrive

Inde 2012, Tamil Nadu,

avec Thierry Wasser pour Guerlain.

Du coté de chez Madiba, ou un village Sud-Africain

J’ai eu mes années Afrique du Sud, la Nation de Nelson,  People of South Africa, pour moi ce furent les années du tournant du siècle. De 1997 à 2000, 1997 ou invité à présenter une exposition à Cape Town, je me suis retrouvé en amour et en colère pour ce pays et ses peuples, et à y revenir à de nombreuses reprises, pour raconter en portraits partagés, Polaroïd disparus de nos jours, les visages de de la Nation Arc en Ciel.

Au cours d’un de mes séjours, d’étapes en étapes, lisant l’autobiographie de Nelson Mandela « Un long chemin vers la liberté », le récit de ses années de jeunesse me servait alors de fil rouge pour dessiner mes trajets, dans les collines du Transkeï.

1-Village du Transkei.

Alors sur ma route, une étape obligée : le village ou il a grandi au côté de sa mère.

D’autant plus que sur la carte, je vois que la route principale sur laquelle je me trouve, traverse Qunu. Mais je ne m’attendais pas à ce que le mot «traverser» soit à ce point littéralement adapté.
 De collines en collines, les petits villages de huttes rondes en torchis aux toits de chaumes ou de maisons rectangulaires sans étages, qu’on appelle ici des «boites d’allumettes» quand elles se regroupent, se succèdent sans vraies séparations ni contours.

Et tout à coup, au bord de la grande route, juste après un virage, sur la droite une maison bien plus grande que les autres, mais surtout récente, et isolée de son côté de la chaussée.

C’est ici.

Seule l’apparition soudaine, au détour d’une petite côte, de cette bâtisse différente fait comprendre qu’on est arrivé.

3-La boîte aux lettres.Qunu

6-Je regarde à Qunu

De l’autre côté de l’asphalte, le village en contrebas. Sans dessin particulier, des habitations éparpillées; ici pas de rues c’est la campagne, sans arbres, beaucoup de bâtiments inachevés, des enfants qui jouent en bandes, quelques adultes assis à l’ombre du petit bâtiment abritant les boîtes postales, en face de la grande maison, de l’autre côté de l’asphalte.

Bien sûr je questionne, bien sûr on me parle du grand homme, de sa maison qu’il a fait construire il y a peu, après sa libération.

On me dit qu’il n’est pas là en ce moment. Qu’il a aussi d’autres résidences, à Cape Town ou Pretoria.

4-Les enfants de Qunu

Les enfants m’accompagnent dans le village. Rien,ne le distingue de tous les autres. Rien, si ce n’est un petit cimetière familial, avec le patronyme Mandela, ou repose déjà 3 des enfants de Madiba, cimetière qui deviendra quelques années plus tard, l’enjeu d’un scandale familial. J’ai photographié ces stèles mal entretenues et tordues par le temps, mais sans doute par pudeur, n’ai jamais voulu les utiliser.

Et puis il y a cette grande maison. Séparée du village par la chaussée, mais si proche de cette route, ou déboulent les grands camions, rétrogradants, les moteurs hurlants, pour attaquer la petite côte.

Je reste là un bon moment. Et si j’avais été invité à rencontrer Madiba ! A traverser la route ! Rencontrer Madiba et faire son portrait à lui aussi ! J’ai ça dans un coin de la tête, et plus que ça bien sûr. Mais bon !
On parle et échange avec quelques habitants qui restent là eux aussi, juste de l’autre côté de la route, assis sur les glissières, à tuer le temps, attendre le bus, ou deviser avec l’étranger à l’étrange appareil photographique. Et voila qu’on me montre une femme qui sort de la grande maison, en face.
On me dit que c’est la soeur de Mandela, qu’elle s’occupe de la maison, de son petit frère !
Je vois traverser une dame, portant un baluchon sur la tête, à l’africaine.

On se présente. Oui, c’est bien la soeur de Madiba. Nous nous saluons.

Elle me laisse la portraiturer. Je lui offre le Polaroïd comme à mon habitude.
Et derrière nous les gros camions continuent de passer en faisant tout trembler.

Qunu, le village de Mandela

Qunu, le village de Mandela

C’était ma journée chez Nelson.

Sur que jamais je n’aurais imaginé pareille maison de Président, du côté de chez moi !
 Au bord de la route, juste de l’autre côté du village, sans murailles et sans l’ombre d’un garde du corps. Sans affectation aucune.

C’est chez lui.

De la forêt magique

Tout cela est vécu, dans les montagnes du Sri-Lanka,

1-Le Bus Magique_TIV0368

on peut se croire projeté dans la quête de poétiques desseins, enivré de ces mille virages étourdissants,

2-Le virage enchanté_TIV1584

propulsé dans un conte de Tolkien, un vrai, avant qu’il ne soit détruit par les simplifications du market, on se retrouve envouté de brouillards enchantés peuplés d’arbres magiques,

3-Elle s'éloigne.AND4191

forêts qui s’ébrouent de la pluie de musique, portées de parapluies, cahiers de vert, ou s’active un peuple d’Elfes, végétal, dans ses montagnes en jardin de thé.

5- Elfes orange_TIV4879

Tout cela compte ou plutôt se conte, car cela reste mystérieux.

4-La Porte-TIV4873

Sri Lanka 2012. Mille et une page. Avec Thierry Wasser pour Guerlain.

China Op ou le Chaos Magnifique

Quand le labeur est théâtre, le chaos magnifique, l’architectonique des rêves inscrit dans le squelette du bâtiment en devenir, dans la chorégraphie du travail.

Idéogramme, échaffaudage

A chaque fois que, spectateur, je photographiais ce chantier, ces hommes, je me demandais comment leur rendre la pareille, rendre grâce à ce ballet, cette grâce qu’ils ne soupçonnaient pas dans la rudesse de leurs tâches, grâce que je recevais comme un présent.

K2, Structures

La seule réponse était d’accrocher ces images sur leurs grues, j’ai failli y arriver….

Cages et Jéricho

Beijing 2001-2005. Construction du Grand Théâtre National de Chine. Chine

Paul Andreu architecte.

La Paix des Zèbres

All You Need is Love,

Zèbres, Hirondelles et Aube mer©Chapoullié

et la naissance du monde.

Aube. Afrique du Sud 2000.

Utaṉē, உடனே, See you soon.

Just back from India, and Sri Lanka…

1--_TJV6822©Chapoullié

 Des images plutôt que des mots, qui, eux, viendront après, will see.

2--_IND32431©Chapoullié

Compliqué de dire ce chaos serein, étrange oxymore, ou les gens sont des paysages, le mouvement perpétuel, impossible de ne rien voir surgir ou que se pose le regard, les vaches libres parmi les humains, la spiritualité luxuriante, les camions fous aussi agiles que des singes, les enfants en uniformes impeccables et les ordures comme des fleurs sur les talus.

3.Le nouveau Monde de LeWhite

Il faut savoir lâcher les mots, mes images comme des chansons, un chaï bien brulant dans une tasse.

4_TIV1489©Chapoullié

1000 et une pages.

Inde. Sri-Lanka. 2012

L’Ecole Historique

Un jour de juin 1996, sur une piste orange du Bénin, la ferrite couleur de toutes les pistes africaines, la ligne orange chaotique sabrant le vert intense de la végétation, passant devant une école ou je vois les enfants sagement alignés dans la cour de récréation, je demande soudain à la voiture ou je me trouvais de s’arrêter.

Je me retrouve devant le professeur principal, dans son petit bureau poussiéreux, au milieu de la brousse, et je ne saurais expliquer ni l’audace ni le toupet qui me permette de m’arrêter ainsi, et parfait inconnu bardé de ses appareils, de demander à pouvoir photographier les classes.

Je préfère ne pas m’imaginer la réaction d’un proviseur français à cette même demande que lui ferait un photographe africain en vadrouille….

Quoi qu’il en soit, il accepte gentiment de me laisser rentrer dans les classes, et les instituteurs m’accueillent gentiment, et fièrement.

1--ecole historique ┬®Chapoullie╠ü

A cette période, j’utilisais fréquemment le Polaroid, maintenant disparu, comme image définitive.

Ce qui me permettait de laisser la photo en remerciement. Et aussi de photographier avec un appareil modeste.

Je ne sais lequel d’entre nous était le plus ému. Ces enfants interloqués par cette visite impromptue, ou moi, de ces regards d’icônes.

Cette photo, si émouvante, je l’ai donc laissé dans la classe. Et elle est rentrée dans mon histoire.

La Mère des Rickshaws

Certes, il est probable que les rickshaws ne se déclinent pas au féminin, mais qui sait….

Rickshaws

Pétaradants, fumants, résistants, se faufilant, narguant les camions crachant leur gasoil, grimpant toutes les montagnes, transbahutant des flopées d’enfants à l’école, jamais en retard, n’obéissant qu’aux feux tricolores, ne graignant aucunes éraflures, proclamant leurs foi de toutes sortes, les rickshaws sont Rois. Ou Reines, who knows ?

 Et souvent rouge.

Sri Lanka 2011. Avec Thierry Wasser pour Guerlain.

 

Tom Barman

Instant Street, en boucle, une journée particulière, Anvers, Antwerpen, des diamants, des marins, une cathédrale, de la mode depuis peu, du Brel certainement, du Simenon beaucoup, et aussi du rock depuis un bon moment maintenant.

Du rock, belge, du rock monde, beau rock.

1--El Hot, Blue Roses, Cabine copie 2©Chapoullié

J’ai découvert Deus par les Inrocks, Delphine rédactrice en chef de la photo des Inrocks canal historique, m’a envoyé à Anvers, Antwerpen, portraiturer Tom Barman, chanteur, leader comme on dit de Deus. Merci Delphine.

 2-Crane solar, Crane, Basiliq - copie 3©Chapoullié.

Ça à été une belle journée, une Dream Séquence #1, pleine de curiosité, d’attention, de délicatesse.

 Thank You For The Roses.

 Anvers 2001. Les Inrockuptibles.